« Tu as vu ce que tu m’as fait faire ?! Tu m’énerves, tu ne pourrais pas faire un peu plus attention ? Tu te rends compte ? C’est toujours pareil avec toi, tu ne changeras jamais ! »
« Tu, tu tu ! Vous entendez les klaxons ? C’est le « tu » qui tue »
dixit Jacques Salomé.
Evidemment cela existe aussi en entreprise et dans les organisations en général. Et c’est dangereux, car parfois assimilable à du déni de responsabilité !
Pas besoin de se remettre en cause puisque c’est l’autre le responsable avec le « tu qui tue ».
L’homéostasie, fameuse résistance au changement, se régale de cette illusion poussée par l’égo selon laquelle le problème est chez l’autre…
Je choisi de… Parce que je…
La communication non violente (CNV), apporte une solution toute simple : « Je choisis de… parce que je… ».
A chaque évènement générateur de sentiments, je choisis comment réagir.
D’abord en reconnaissant que mon état et mes sentiments ne sont pas systématiquement liés à l’attitude de l’autre.
Prenons un exemple précis :
Vous avez préparé une réunion importante et avez un agenda serré. L’un des participants arrive avec 10 min de retard. Il vous met en colère : « Quelle nonchalance, c’est intolérable ! »
Maintenant la même situation, mais cette fois c’est vous qui êtes en retard ou en tout cas, pas complètement prêt à l’heure prévue. Là, si la même personne arrive en retard, vous ne réagirez probablement pas de la même manière. Vous pourriez même lui en être reconnaissant !
Même interaction, mais résultat différent.
L’information, c’est-à-dire selon Gregory Bateson « la différence qui fait la différence », c’est donc bien de chercher en nous et non pas chez l’autre !
Nous sommes tous, en quelque sorte les uniques responsables de nos états émotionnels.
C’est souvent contre-nature et cela peut être aussi libérateur.
Pourquoi libérateur ?
Parce qu’on retrouve un certain libre arbitre : nous avons le choix !
A chaque interaction, en fonction de notre intention, nous pouvons :
Nous apitoyer sur notre sort ;
Charger l’autre ;
Identifier ce qu’il se passe en nous (auto-empathie) ;
Investiguer sur comment ça se passe pour l’autre (donner de l’empathie) ;
Communiquer à l’autre ce qu’il se passe en nous (susciter l’empathie).
Cela me rappelle aussi une anecdote au sujet de Thomas D'Ansembourg, psychothérapeute et formateur certifié en CNV.
Il aurait répondu au téléphone à la question « Est-ce que je te dérange ? » par « Non, rassure toi, tu n’as pas ce pouvoir ! ».
Je ne sais pas si les faits sont vrais, mais même indirectement, ils m’ont servi d’expérience émotionnelle correctrice !
C’est lui qui a commencé !
Quand on travaille sur des problèmes de relation avec un regard interactionnel, on constate assez vite un phénomène bien connu en systémique stratégique : la ponctuation de séquence de faits.
Concrètement, en particulier en cas de conflits, chacune des parties commence ou termine sa vision des faits de telle sorte que selon elle, c’est l’autre la responsable.
Encore du déni de responsabilité en perspective... Involontaire bien entendu, mais souvent à l’origine d’une escalade symétrique ravageuse !
Comment en sortir ?
Parfois, en se posant cette simple question : « Comment je m’y prends dans la relation pour susciter ça chez l’autre ? ».
Autrement dit, en admettant que les faits sont probablement déformés par notre égo.
Paul Watzlawick dirait : « on ne peut pas parler de la réalité objectivement existante », Néo dirait que « la cuillère n’existe pas »… A chacun ses références ! 😉
C’est souvent difficile à admettre.
Passer par un coach systémique stratégique peut ainsi permettre d’éveiller le champ de conscience plus rapidement et donc faire gagner beaucoup de temps.
Je n’y peux rien, c’était plus fort que moi…
Dire ses 4 vérités, succomber à une vision égoïste ou décréter que nous n’avons pas le choix ont en commun, là encore, le déni de responsabilité.
L’égo est si fort, qu’il résiste jusqu’à nous amener à s’identifier à lui, s’accrocher à notre titre, défendre un territoire, oublier l’intérêt commun…
Personnellement, je trouve intéressant d’utiliser la force de l’égo contre lui-même.
Un peu, comme en Aïkido où nous utilisons la force de l’adversaire, ou quand en systémique stratégique nous prescrivons le symptôme.
Comment l’égo peut-il admettre qu’il soit contraint par quoi que ce soit ?
Le destin, une force intérieure incontrôlable, la fatalité : l’égo n’aime pas beaucoup ça !
Me responsabiliser en acceptant que j’ai le choix, génère régulièrement, une porte de sortie, certes paradoxale, mais efficace. 😉
Cela peut être utile aussi pour transcender le stade homéostatique et la résistance au changement.
Comments